Rétrospective anticipée
Et si, plus vieux, vous vous rendiez
compte que vous vous êtes trompé(e) de route ?
Et toi, Loup, ce sera quoi ton métier plus tard ?
J’avais un rêve bien particulier
étant plus jeune. On me demandait « et toi, qu’est-ce que tu veux faire
plus tard ? ». J’avais dans la tête non pas un nom de profession ou
de métier, mais tout un roman dans lequel j’étais une héroïne. Soit une héroïne
politique qui changerait le système, qui ferait en sorte qu’il se porte mieux
et dont on parlerait dans un livre
d’histoire, soit un grand écrivain ou un grand people dont on parlerait sur les
antennes radio. Bref, je voulais faire parler de moi, je voulais absolument
laisser une trace de mon passage dans l’histoire. J’avais la véritable
sensation que cela m’épanouirait. Etonnement, ce sentiment ne me
quitte pas ; aujourd’hui encore, si je m’imagine connue et surtout
reconnue pour mes actions, une douce enveloppe aux sentiments de sécurité et de
satisfaction personnelle m’envahit. Comme si c’était la voie de ma réussite, de
l’accomplissement de ma vie.
J’ai suffisamment bien travaillé
dans le secondaire pour m’être personnellement ouvert la porte des sciences
politiques, des sciences économiques ou des sciences artistiques (le théâtre,
par exemple). L’une de ces trois voies m’aurait permis d’accomplir une grande
carrière et de faire entendre mon nom à la quarante ou cinquantaine. Cela
étant, j’ai préféré faire une licence en Histoire. Simplicité totale. Ma
priorité était de me cultiver, parce que je
suis absolument passionnée par les hommes et les femmes de savoir. En
grandissant, j’ai également perdu mon âme de travailleuse. De nature très
anxieuse, le travail m’a toujours pris beaucoup d’énergie, et envoyé de
mauvaises ondes pour ma santé. Or, à 21 ans, le temps est venu de prendre enfin
soin de moi, d’écouter mon corps de manière positive, et c’est pourquoi j’ai
fait le choix de la licence plutôt que d’une prépa ou d’une grande école.
Croyez-moi, pour quelqu’un qui sort d’un bac général avec une mention Très Bien, la licence, quand vous aimez
votre matière, c’est de la rigolade. Mes moyennes sont maintenues à la même
mention, et je ne me foule pas vraiment. J’ai suffisamment de temps à côté des
études pour sortir, prendre du temps pour moi, pour ce blog…
Vous comprenez donc le paradoxe entre
ce que j’envisageais pour mon bonheur, et ce que je fais aujourd’hui pour mon
bonheur. Il semble qu'à travers mes études supérieures, je suis en train de faire le choix d'une vie simple, bien loin des projecteurs et de mon rêve d'enfant. Je m'éloigne de la trajectoire des carrières.
Risque de regrets à l'horizon
Je me suis donc posé la question : qu’est-ce que le
bonheur ?
Est-ce que mon bonheur doit se calculer à long terme ou est-ce
qu’il doit se construire au jour le jour ? Autrement dit : serais-je
plus heureuse en me battant pour réaliser mon rêve d’enfant qui me fait encore
grandement rêver, ou est-ce que je ferais mieux d’écouter mes envies
quotidiennes ? Dans le premier cas, j’ai peur d’être déçue à l’arrivée et
de me dire « J’aurais dû faire un autre choix, j’aurais dû davantage
profiter ». Dans le second cas, j’ai peur de regretter et de me dire
« J’avais les capacités pour avoir une véritable carrière, pour être
reconnue pour mon travail, pourquoi ai-je laissé passer cette chance d’essayer ? Je vais mourir
sans avoir changé quoi que ce soit au système, sans avoir fait parler de moi
pour mes réussites, alors que j’avais à la fois la volonté et les capacités à
faire quelque chose de grand ».
Dilemme.
Au vu de ces éléments, pourquoi ne pas tenter le deux, en même temps ? C'est vrai : je suis capable d’avoir un double-projet de front, sur le
long terme. Mais c'est sans compter le problème des pulsions quotidiennes qui, comme vous le savez, ont
tendance à l’emporter sur un raisonnement responsable de long terme. On a
tendance à vouloir le bonheur maintenant, si possible.
Premiers éléments de réponse...
Alors voici la solution qui me
semble être la meilleure : peut-être serait-il intéressant, dans mon cas,
de continuer à trouver mon bonheur au quotidien, tout en considérant dans un
petit coin de ma tête ce rêve d’enfant toujours réalisable à mon âge. Pour cela, :
- ...peut-être devrais-je ajouter des activités à mon quotidien : le théâtre, la politique, le droit… Essayer, histoire de, "au cas où" ça marcherait.
- ...peut-être aussi, devrais-je envisager un nouveau moyen d’être reconnue que celui usité par tous (je vous fais l’honneur de citer Sciences Politiques de Paris, et la sectaire ENA) : par exemple écrire en un livre toutes ses idées politiques et proposer une alternative au système actuel. A long terme et tout en douceur. Pour ne pas avoir un jour l’expérience de me dire « j’aurais dû essayer quelque chose mais je n’ai rien fait ».
L'art de l'introspection
Je pense, sincèrement, que
réfléchir à son avenir, mais également réfléchir à son passé et à qui l’on est,
fait de nous des gens meilleurs. Meilleurs pour les autres, car bien souvent
nos projets ont une conséquence positive sur la société (peu importe
l’échelle), mais également meilleurs pour nous-mêmes. Plus respectueux de nos
valeurs et de ce que l’on veut réellement au plus profond de nous-mêmes.
Réfléchir tôt à notre avenir, en l’occurrence, peut nous aider à trouver notre véritable voie, je suis profondément convaincue que cela peut nous éviter de
faire un contre-virage total à la quarantaine et risquer de tout quitter en se disant
« j’ai pris la mauvaise route, ce que je fais ne me plaît pas, j’abandonne
tout et je recommence ».
Là, on part plus sûrs de nous.
Je vous invite à compléter de votre côté la fiche suivante, pour que vous aussi, vous réfléchissiez à votre projet de bonheur, à court terme mais également à long terme. Dîtes-moi tout, quel est votre grand rêve (celui pour lequel un petit neurone raisonnable de votre cerveau clignote et vous dit « je peux peut-être le réaliser ») ?
CREDITS PHOTOS : Pour cet article, j'ai utilisé un cliché de Christian Langballe (couverture) et un cliché de Jez Timms (livres).
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